mardi 18 février 2014

Incompétence française

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Et puis, ajoute-t-il, cela va à l’encontre des idées reçues : la main-d’œuvre française n’est pas compétente. Patrick Artus explique :
« Contrairement à ce que l’on pense, la France ne dispose pas d’une main-d’œuvre particulièrement compétente. Peu connu, le classement Piacc de l’OCDE [Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes, ndlr], qui évalue la compétence des personnes en activité âgées de 30 à 50 ans, place la France avant-dernière sur 34 pays.
Lorsque les multinationales doivent arbitrer entre leurs différentes filiales pour localiser de nouvelles activités, soit l’essentiel des implantations aujourd’hui, cela ne plaide pas pour la France. »
et : 
L’étude mesure la compréhension du monde qui nous entoure. Classée avant-dernière, les Français apparaissent donc comme des employés peu débrouillards – cela entre dans la suite logique d’un classement Pisa assez moyen (la France est en milieu de tableau). Les Japonais sont en première position de l’étude Piacc.
encore :
Le score « pitoyable » de la France révèle, selon lui, une situation catastrophique :
« L’étude n’a pas été suffisamment commentée, mais pour beaucoup de monde, cela a été un choc. On vivait avec une autre donnée de l’OCDE, qui a la décomposition de la population active par nombre d’années d’étude. Or sur les diplômes, on est plutôt haut dans le classement, tout le monde a accès à l’université.
Cet indicateur, qui me semble très fiable, montre que les gens sortent du système éducatif sans avoir les bases fondamentales. On empile les années d’université sur des jeunes sans bases. J’enseigne en master d’économie à la Sorbonne : la grande majorité des copies sont sans structure. Les étudiants écrivent des discours gluants sans conclusion ni idée forte. Deux pages de texte et je suis incapable de savoir ce que mon étudiant a voulu dire. »
Patrick Artus pense que ce manque de compétences rend la crise plus dure à surmonter :
« Ce que je pense, sans l’avoir démontré, c’est que tout part de là : la France n’investit pas dans du capital sophistiqué, elle n’achète pas de robots parce qu’elle n’a pas les compétences pour les utiliser. Une bonne vieille machine-outils, oui. Mais pas plus, les Français ne sauraient pas s’en servir.
Cela explique pourquoi la France achète six fois moins de robots que l’Allemagne et pourquoi elle investit dans des biens d’équipement simples. Et tout part de là, c’est le début de la chaîne : cela empêche les entreprises françaises de faire des marges importantes et de rendre l’investissement attractif. Quand une multinationale va mettre en compétition ses filiales pour un appel d’offre (ces flux représentent une grande partie du commerce extérieur), la France ne sera pas choisie. »
Pourtant, la France a la réputation d’avoir une bonne productivité par tête. N’est-ce pas paradoxal ?
« Ce chiffre est biaisé. Comme l’explique Gilbert Cette, économiste à la Banque centrale, si la productivité est élevée, c’est parce que nous excluons du marché du travail les moins productifs. Contrairement à l’Allemagne, nous avons un chômage très élevé des profils non qualifiés. »
in http://rue89.nouvelobs.com/2014/02/17/competences-employes-pourquoi-france-est-avant-derniere-250020 

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